schulz melody

textes : bruno schulz et gilles a. tiberghien
lecture : gilles a. tiberghien
musique & réalisation : philippe poirier
photographie : laure tiberghien
chef-opérateur : grégory rodriguez

performance créée à l’occasion de l’exposition « pour une république des rêves », crac alsace, 2011.
rejouée lors du contre événement du dimanche 17 novembre 2019 à la galerie de christian aubert/moments artistiques.
filmée à l’atelier lamiral, strasbourg, 2019.

schulz mélody | 26:54

« L’objet réel du voyage n’est pas de trouver mais de perdre, pas d’unifier mais de multiplier, pas de raconter mais d’écouter.
Il y a quelque chose de comparable à l’enfance dans ce désir du voyageur contemporain d’écouter les récits de l’autre langue sans souci du où et du quand. Remarquable, de ce point de vue, cette définition de Proust écrivant que « l’homme est cet être sans âge fixe, cet être qui a la faculté de redevenir en quelques secondes de beaucoup d’années plus jeune, et qui entouré des parois du temps où il a vécu, y flotte, mais comme dans un bassin dont le niveau changerait constamment et le mettrait à la portée tantôt d’une époque tantôt d’une autre ». Mais l’autre langue, c’est la langue de l’autre qui s’énonce en nous, la voix qui la porte en nous et à laquelle notre silence répond quand elle se tait et que le monde se retire, cette voix qui conjure les cauchemars et berce le sommeil des enfants, qui appartient à la langue maternelle, n’est ni langue ni parole et m’impose le silence pour se redire à travers moi. » *

Mais « le Mexique, au fond, qu’est-ce que c’est, disait Bruno Schulz, ou l’Equateur ou Sierra Leone, sinon une épice recherchée qui rehausse le goût du monde, possibilité ultime, impasse de l’arôme où le monde aboutit dans ses recherches après avoir essayé toutes les touches du clavier ?
Le principal est de ne pas oublier – comme Alexandre le Grand l’avait oublié – qu’aucun Mexique n’est le dernier, qu’il n’est qu’un point de passage, que le monde continue au-delà, et qu’après chaque Mexique s’ouvre un autre Mexique, encore plus éblouissant. » **

 

* Extrait de : Gilles A. Tiberghien, Le principe de l’axolotl & suppléments, Actes-sud, 2011
** Extrait de Bruno Schulz, Le printemps – Traduction française de Thérèse Douchy, in Le sanatorium au Croque-mort, Paris, L’imaginaire, Gallimard, 2010