automne six

2022 Sortie chez TAL MUSIC, le label de Stefan Schneider, de la réédition de notre album Automne Six disponible sur : https://automnesix.bandcamp.com

tracklist

seule
les minces formes du monde
sur le sable
c’est plus la taille
les images
kurz
araka
mes objets
soirée
la traversée

crédits - Album Automne six de Philippe Poirier

philippe poirier – bernd jestram – stefan schneider

 automne six are Philippe Poirier & stefan schneider
vocals, guitar, saxophone : Philippe Poirier
electronics, accustic guitar : stefan schneider
drums, percussion :  Hanno Leichmann
additional percussion : Bela Leichmann

Recorded at Théâtre de La Comédie during « La Bâtie – Festival de Genève » 2002, studio des Tonneliers, Strasbourg, and Bleibeil, Berlin, between September 2002 and February 2003. Mixed at Bleibeil Studios together with Bernd Jestram. Produced by Philippe Poirier, Stefan Schneider and Bernd Jestram. Stefan Schneider copyright control. Mastering by Detlef Funder at Paraschall, Düsseldorf 2022. Linernotes : Detlef Weinrich. Transdution : Ruth May and Ellen Rosenbaum. Vinylcut: Anne Taegert, Dubplates & Mastering, Berlin.
Production « La Bâtie – Festival de Genève ». Special thanks to Eric Linder, Véronique Marko, Théâtre de La Comédie Genève, Véronique Barondeau. Illustrations by Philippe Poirier. Photography by Ronald Lippok. Artwork by Christa Marek TAL28 ©&p 202 TALMUSIC.COM

Seule

par lamiral poirier | automne six

paroles

loin des objets cassés
personne ce soir pour t’emporter
loin des objets cassés
personne ce soir pour t’emporter
loin des objets cassés

seule sur ton lit
en robe de soirée
le visage maquillé
les paupières baissées
tu regardes le monde passer
au milieu des objets cassés

personne ce soir pour t’emporter
loin des objets cassés
personne ce soir

loin des objets cassés
loin,…loin,…des objets cassés

seule dans ta robe de soirée
tu regardes le monde passer
ces belles peintures
sur ton visage baissé
une musique vient
un tempo sans parole
et qui s’apprend tout seul
au milieu des objets cassés

loin des objets cassés
personne ce soir pour t’emporter
loin des objets cassés

Les minces formes du monde

par lamiral poirier | automne six

paroles

les lignes s’assemblent et font un chemin
je marche sur ce chemin
tendu comme un muscle de sable
dessus les oiseaux rebondissent
petites boules de temps éparpillées
quelques notes dans la poussière
la mélodie nous protège
nous sommes si fa si la si laminés

c’est beau ça nous occupe
c’est beau ça nous occupe

des ciels comme des miroirs
dans le ciel la tempête
les oiseaux sont à terre
tout est tragique
les pierres sont tragiques
le sable est tragique
l’ombre aussi

c’est beau ça nous occupe
c’est beau ça nous occupe

de la surface des choses
des images se décollent
minces formes du monde
voltigeant en tout sens
qu’à chaque instant
il faut abandonner

c’est beau ça nous occupe
c’est beau ça nous occupe

sur le sable

par lamiral poirier | automne six

paroles

sur ces milliers de grains de sable
qui me portent un à un
si peu les uns des autres espacés
sur chacun je repose je m’allonge

je vois sous le sable ton visage rayonner
sur ces milliers de petits grains
à facettes micacées
ces milliers de petites flammes traversant l’obscurité

je dessine sur la plage une image ton image
tous les grains arrangés ordonnés
tous d’accord ton image est donnée
cent mille grains font un dessin

et sur la mer qui avance
je vois ton visage
sur ces milliers de particules
à la crête dorée des vagues

la mer qui bouscule les grains
et efface ton visage
sur le sable trempé
où les nuages se reflètent
et conservent encore ton image adorée

mais qu’est-ce qui me prend à te voir partout
vraiment je suis à battre
d’ailleurs on me bat qui me bat
qui m’allonge à coups de poings
sur ces milliers de petits grains

est-ce une apparition est-ce une obsession
eh bien non ce sont quatre matelots
qui ont laissé leur bateau
quatre salauds qui débarquent
et m’allongent à coups de poings

sur ces milliers de petits grains
qui me portent un à un
si peu les uns des autres espacés

sur ces grains de sable fin
à facettes micacées
ces milliers de petites flammes
traversant l’obscurité
où d’ailleurs je vois encore et enfin
ton visage sous les sables qui ne cesse de brûler

C'est plus la taille

par lamiral poirier | automne six

paroles

parfois pas n’importe où
une porte s’ouvre
et là c’est rewind
retour en arrière
sur les chemins d’Oz
retour sur les traces

qu’est-ce qu’on fait
chaussures à l’envers
sur les traces
trop petites

impossible de tout caser
dans la rue des souvenirs
plus rien ne rentre
de toute façon
c’est plus la taille

le décor s’ébroue
arbres ébouriffés
maisons qui se cambrent
des courants d’air partout
les vieilles portes grincent
honneur au revenant

on remesure tout
avec des barres de bois
qui se coincent partout
en travers du corps

impossible de tout caser
dans la rue des souvenirs
impossible plus rien ne rentre
de toute façon
c’est plus la taille

image maintenant
sur image d’avant
problème mécanique
décalque impossible
quatrième dimension
la mienne ça colle pas

mais quel est celui
qui s’est amusé
à tout mesurer
avec des petits bras

impossible de tout caser
dans la rue des souvenirs
impossible plus rien ne rentre
de toute façon c’est plus la taille

Les images

par lamiral poirier | automne six

paroles

les images viennent du fond des images
les images sont floues rauques et pointues
elles peuvent aussi se faire belles à l’occasion

les images flottent portées par les voix
les images se promènent dans les images
elles sont seules et a priori ne vont pas deux par deux

les images tordues s’appuient sur des bâtons
les images ont des points de vue bien à elles
les images ont des costumes très colorés

les images sont belles d’elles nous vivons
les images se moquent de savoir si on les regarde

comme c’est épuisant
de voir la beauté passer
regarder n’est pas assez
regarder n’est pas assez

les images restent parfois silencieuses
quand elles nous regardent elles nous font souffrir

derrière les murs les images peuvent parfois rester cachées
quand les images se cachent nous sommes seuls au monde

comme c’est épuisant
de voir la beauté passer
regarder n’est pas assez
regarder n’est pas assez
la la la…

Kurz

par lamiral poirier | automne six

Araka

par lamiral poirier | automne six

Mes objets

par lamiral poirier | automne six

paroles

où sont mes objets
mon fourbi bras jambes torse tête éparpillés

mes objets me ravissent
d’eux je suis marteau
de mon fourbi mes habits
triés sur le mollet
pantalon sur jambe
main dans gant
cravate foularde
chaussure de rien
je me couche avec mes pulls

où sont mes objets
mon fourbi bras jambes torse tête éparpillés

tous mes ustensiles
manche à poêle
belle cuillère couteau tasse
casserole où eau bout
petite fumée monte
cette louche soi gentille
arrière sous-pot, plat, seau
ce soir sans tamis
tapis, tapis, tapis
canapé vert

où sont mes objets
mon fourbi bras jambes torse tête éparpillés

plein verre vide
plein verre vide
où sont mes objets
plein verre vide
oh le beau jet
plein verre vide
plein verre vide
que font les heures
les nuages bougent-ils encore

où sont mes objets
mon fourbi bras jambes torse tête éparpillés

Soirée

par lamiral poirier | autmone six

La traversée

par lamiral poirier | automne six

paroles

après avoir pris congé des gens
il bascula dans d’étranges profondeurs
quelques mains ne purent le retenir
descente, traversée, épaisseur, densité
son corps lourd et raide était devenu un paquebot

le grand rêve-paquebot illuminant la nuit
glissait le long des berges
avec à l’intérieur sa forme de dormeur

de grands oiseaux noirs et smarts en saluaient le départ
puis la surface de l’eau s’élargit
là, des îles flottantes dérivant doucement
portaient des petites scènes de tous les passés
images du fond du temps, remontées, mises à niveau

le grand rêve-paquebot glissait
illuminant la nuit avec à l’intérieur
sa forme de dormeur

et l’on croisait ici ou là
des temples grecs flambant neufs
des rois anciens avec éléphants sur la glace
des divas dans des voitures de sport
un mariage égyptien, un drame à Venise
François 1er descendant l’escalier
Salambo à Carthage, le fou-rire d’Elvis
l’enfant-loup du Piémont, Velàsquez au travail

petits mondes illuminés de la lumière de leur temps
mouvement des choses portées par les eaux
toutes ensemble filant droit vers le couchant

le grand rêve-paquebot glissait lui aussi
illuminant la nuit avec à l’intérieur
sa forme de dormeur

caressé par les vagues dans son costume du soir
le dormeur s’éveilla allongé sur le sable
quelques objets familiers disposés ça et là

fauteuil, table basse, lampe, jeu d’échec
il lui paraissait être le jour
et pourtant c’était la nuit et la mer tout autour

au loin, de l’autre côté, il voyait des lumières
bars de nuit peut-être où des gens s’amusaient
ailleurs, il crut reconnaître mais comment en être sûr

l’un de ses grand-pères cuirassiers de la grande guerre
droit sur son cheval, luisant sous les feux
plus loin encore une explosion gigantesque par-delà les reflets

c’est alors qu’il vit passer devant lui,
glissant sur les flots noirs, un immense paquebot
avec à l’intérieur la forme

la traversée | 4:50