montage d’images extraites du fonds spindler
pour la cinémathèque mira http://www.miralsace.eu
dans le fonds cinématographique spindler, et dans les premières images que paul, le fils de charles, aura filmées, il y a ces scènes de rue de village où l’on assiste aux allées et venues des chars à bœufs et des habitants.
dans la succession des séquences, il en est une où, par le bord droit de l’image et comme venant de derrière nous, une jeune femme surgit et nous dépasse. elle marche vivement au côté d’un char tiré par un bœuf dont elle retient l’allure en resserrant le frein d’un demi-tour de manivelle avant d’accélérer le pas pour rejoindre son fils assis à l’avant, sur la banquette.
ce geste à peine visible n’aura duré qu’une ou deux secondes – une quarantaine de photogrammes tout au plus – mais il capte toute notre attention. car c’est un geste qui n’a plus cours, nous ne conduisons plus de chars et nous ne serrons plus les freins avec une manivelle.
pourtant ce geste est fait avec un tel naturel et une si simple assurance qu’il nous paraît familier. il est aussi machinal que ceux que nous faisons quotidiennement, comme tourner la minuterie du micro-onde, insérer une carte bancaire dans un distributeur ou taper un texto sur notre portable.
au moment où elle resserre le frein de son char, la jeune femme agit selon une multitude de réglages propres aux circonstances techniques, sociales et culturelles de son temps, qui lui font ajuster la force de l’animal, le poids de l’attelage et la pente de la rue qui sont autant de risques pour son enfant assis seul sur le char, le mouvement plus intense des jours de vendanges, son travail de femme de paysan, les tâches déjà faites et celles à venir.
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